Le danger nucléaire israélien par Mohammed Larbi

Publié le par ag94

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Israël fait savoir qu’il va poursuivre sa politique « d’ambiguïté » sur le nucléaire avec le soutien des Etats-Unis.


L’ingénieur atomiste israélien, Mordechai Vanunu, a tout dit sur le programme et l’arsenal nucléaires israéliens. Peu avant d’être enlevé dans une capitale occidentale et envoyé en prison, ce chercheur a donné tous les détails, faisant en sorte qu’il ne soit pas possible de démentir quoi que ce soit. En particulier la centrale nucléaire de Dimona construite en 1965 dans le désert du Néguev. Il a même révélé les soutiens occidentaux qui ont permis à Israël de maîtriser la technologie et de disposer des matériaux et installations pour se lancer dans une telle opération. Ce qu’a confirmé le président israélien Shimon Peres, lui-même considéré comme le père du programme nucléaire israélien. Sans dévoiler l’arsenal nucléaire considérable, selon les spécialistes qui l’évaluent à trois cents ogives nucléaires. Que faut-il de plus pour ne plus ignorer cette évidence et appeler les choses par leur nom, et, au bout du compte, crédibiliser un discours qui en a vraiment besoin ?

En plein débat sur la renégociation du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), et même l’espoir — il est tout de même permis d’en avoir — d’un monde sans armes nucléaires, Israël fait savoir qu’il va poursuivre sa politique « d’ambiguïté » sur le nucléaire avec le soutien des Etats-Unis. Une formule selon laquelle il n’est plus possible de nier une évidence, sauf qu’il ne faut pas en parler, et encore plus tenter de soumettre les installations israéliennes aux fameuses inspections de l’ONU. Parce qu’Israël n’est pas signataire du TNP et cela ne lui confère aucune obligation. C’est la déclaration faite hier par le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, ajoutant que sur ce sujet « il y a une entente totale avec les Etats-Unis ».

Et pourtant, rappelle t-on, en avril, le président américain Barack Obama a dit souhaiter qu’Israël rejoigne le TNP. Il est vrai que dans le même temps, les pays arabes se prononcent pour un Proche-Orient sans armes nucléaires. L’allusion est claire. Elle ne souffre aucune ambiguité, devrait-on dire pour rester dans le style, sauf que le sens n’est pas le même. Dans de telles conditions, et surtout le fait que le Proche-Orient, quoi qu’on dise, soit une zone de conflits, il devient difficile d’ignorer le fait nucléaire israélien, d’autant plus qu’Israël se prévaut du soutien américain en ce qui concerne cette politique d’ambiguïté, bien que ce concept ne signifie absolument rien. [1]

[1] voir le Monde : L’"ambiguïté délibérée" reste la règle israélienne quant au nucléaire. Voir aussi l’Orient le Jour :

Israël posséderait « la capacité technologique » pour frapper l’Iran

Nucléaire : Téhéran teste pour la première fois une version de son missile à courte portée Fajr.

Moshe Yaalon, vice-Premier ministre israélien, a déclaré hier que l’État hébreu avait la capacité technologique de frapper les installations nucléaires iraniennes suspectes. Il est « indubitable » que l’aviation israélienne a amélioré ses capacités de ravitaillement en vol et l’étendue de son champ d’action, ainsi que la précision de ses renseignements et de sa puissance de frappe, a-t-il dit. « Cette capacité peut être utilisée pour la guerre contre le terrorisme à Gaza, pour une guerre contre les roquettes tirées du Liban et aussi pour une guerre contre un État périphérique comme l’Iran », a ajouté Yaalon, ancien chef d’état-major de Tsahal.

Israël, que l’on pense être le seul État du Moyen-Orient doté de l’arme atomique, avait bombardé en 1981 un réacteur nucléaire irakien et procédé en 2007 à une frappe analogue contre un site suspect dans l’est de la Syrie. Il est rare que des dirigeants israéliens évoquent une « guerre » contre l’Iran, que l’Occident soupçonne de vouloir se doter lui aussi de l’arme atomique. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui-même s’est borné à dire que « toutes les options étaient sur la table ».

Le vice-Premier ministre, qui intervenait lors d’un colloque sur la défense aérienne et spatiale, a déclaré : « En ce qui me concerne, l’attaque reste la meilleure forme de défense. Il n’y a aucun doute que, si l’on considère la situation globale, nous sommes déjà dans une confrontation militaire avec l’Iran. L’Iran est le principal inspirateur de ceux qui s’attaquent à nous. »

De son côté, un autre vice-Premier ministre israélien, Dan Meridor, a estimé hier qu’il restait « encore du temps » à la diplomatie déployée par les États-Unis et les autres grandes puissances pour dissuader l’Iran de se doter de l’arme atomique. Mais, a-t-il ajouté, « si, au bout du compte, l’Iran se dote du nucléaire, contrairement à ce que dit et souhaite l’Amérique, cela aura des implications pour l’ordre mondial et les règles du jeu », a déclaré Meridor, membre comme Yaalon du cabinet restreint de Netanyahu.

Parallèlement, l’armée iranienne poursuivait hier ses vastes manœuvres navales dans le Golfe. Selon l’agence de presse Fars, l’armée a testé hier pour la première fois une version de son missile à courte portée Fajr. « Tirés de la terre vers la mer, ces missiles, baptisés Fajr-5, ont touché la cible avec une grande précision », a déclaré le numéro deux de l’armée de terre, Kiomars Haydari, sans plus de détails sur leurs caractéristiques. Selon des sources occidentales, le Fajr-5 a une portée de 75 kilomètres.

L’Iran, qui a averti par le passé qu’il pourrait paralyser le trafic pétrolier en bloquant le détroit d’Ormuz en cas d’attaque contre son territoire, conduit régulièrement des exercices militaires dans le Golfe.

Il ne permet en aucun cas de répondre aux critères connus, lesquels, dans le cas israélien, ne traduisent pas seulement de la simple suspicion, ses dirigeants toutes tendances confondues, ne se privant pas de lever le voile sur cette ambiguité et rendre l’exercice de style bien inutile, même si cela devrait incommoder des gouvernements occidentaux, refusant certainement d’assumer leur propre rôle dans l’émergence de la puissance nucléaire israélienne. Et, au-delà, la création d’un danger, contredisant du coup tous leurs discours. L’exercice de style devient inutile.

 

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Publié par el Watan

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ajout de notes : C. Léostic, Afps

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