Elisabeth Guigou : le boycott de produits israéliens « est un acte politique »

Publié le par ag94

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Géraldine Delacroix, Hugo Vitran,i Audrey Vucher (Médiapart)

 
C’est clair : « Le boycott » des produits fabriqués par Israël dans les territoires occupés « est quelque chose à quoi je peux m’associer », affirme Elisabeth Guigou, députée et ancienne ministre de la justice, interrogée lundi par Mediapart.

Elisabeth Guigou est ainsi l’une des 11.200 signataires (lundi à 23h) de l’« Appel de solidarité avec Stéphane Hessel, Alima Boumediene-Thiéry et toutes les victimes de la répression », comprendre les militants et sympathisants de la campagne BDS (Boycott désinvestissement sanctions) poursuivis devant les tribunaux français. Le boycott, économique, sportif, culturel ou encore universitaire vise, dans l’esprit de ses partisans, à obtenir de l’Etat d’Israël « le droit au retour pour tous les réfugiés, la fin de la colonisation, de l’occupation, du blocus de Gaza et le démantèlement du Mur, la fin de l’apartheid pour les Palestiniens de 48 (dits “Arabes israéliens”) ». « Un Etat avec lequel nous sommes très nombreux à être en désaccord profond », poursuit Elisabeth Guigou.

Fer de lance de la lutte contre ce boycott qu’il considère comme une discrimination, le Crif a confirmé jeudi être « à la manœuvre derrière toutes les procédures contre le boycott, même si par tradition il s’abstient de porter plainte lui-même ». Richard Prasquier, son président, explique comment il a demandé, et obtenu, l’annulation d’une soirée de débat, ce mardi à l’Ecole normale supérieure, réunissant autour de Stéphane Hessel plusieurs invités (lire le billet d’Eric Fassin).

Cette annulation par la directrice de l’ENS, Monique Canto-Sperber, a à son tour provoqué de nombreuses colères. Pour Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, l’interdiction « n’est pas simplement une atteinte à la liberté d’expression. Elle est aussi la forme la plus imbécile de soutien à l’existence de l’Etat d’Israël ». Sept anciens élèves de l’ENS (parmi lesquels Etienne Balibar, Jacques Rancière, Alain Badiou...) dénoncent ce matin dans Libération et Mediapart « des faits inadmissibles », tandis que l’historien et journaliste Dominique Vidal s’interroge : « Que resterait-il de nos droits de citoyens si chaque groupe communautaire obtenait l’interdiction de toute manifestation lui déplaisant ? »

« Il ne s’agit pas évidemment de boycotter des produits sur des fondements religieux », rappelle Elisabeth Guigou, « choquée » que Stéphane Hessel et d’autres puissent être poursuivis, « avec le risque, s’agissant des enseignants, à Mulhouse, à Perpignan, de se voir radiés de l’Education nationale ou très sévèrement sanctionnés dans leur profession. » « C’est important de poursuivre la mobilisation », estime la députée. Rendez-vous est donné ce mardi soir place du Panthéon.

Dans la vidéo ci-dessous (3’49"), Elisabeth Guigou explique son soutien aux militants poursuivis, revient sur sa rencontre avec le garde des Sceaux, Michel Mercier, en appelle à l’Europe et prévient contre toute forme d’amalgame avec des discriminations raciales ou religieuses.

 

 

 


 



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