Amal Ziad kaawash. Auteure de BD et caricaturiste palestinienne «Je ne vois aucune lumière à la fin de ce tunnel»
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Amal Ziad Kaawash est caricaturiste au journal libanais Es-Safir. Elle vit et travaille à Beyrouth. Dans sa carte de visite, elle se définit comme «cartoonist, etc.», une manière sympathique de souligner qu’elle a encore beaucoup de choses à offrir, bien plus que le dessin de presse ou la caricature. Amal Ziad Kaawash, qui a pour modèle Nadji Al Ali, le père du célèbre Handhala, a imaginé le personnage de Meiroun, la fille dans l’ombre. Comme Handhaha qui donne son dos au monde entier, Meiroun ne montre pas son visage…
-Comment est né le personnage de Meiroun ?
C’est un hasard. Il n’y avait aucune préparation à cette création. Le personnage revenait souvent dans mes dessins. Le nom de Meiroun est celui de notre village en Palestine occupée, le village de la famille Kaawash. Je suis née au Liban et j’y vis, comme mes parents, nés dans les camps palestiniens au Liban.
-Comment êtes-vous venue au dessin de presse ?
Par amour, par passion. Je n’ai pas fait d’études sur les techniques du dessin. J’ai suivi les travaux des autres artistes. Nadji Al Ali, que je considère comme mon professeur, même si je ne l’ai jamais rencontré, a plus fait de la caricature que la BD. Il y a beaucoup de bédéistes en Cisjordanie. Amer Choumali figure parmi les plus connus d’entre eux. Il a participé en 2009 au FIBDA. Mais, globalement, l’expérience de la BD en Cisjordanie est toute nouvelle.
-Pouvez-vous tout dire sur la question palestinienne dans la BD et la caricature ? Tout dire sans censure ?
Je n’ai pas encore eu affaire à un éditeur qui m’indique ce que je dois traiter. Je travaille à Es-Safir, un journal qui s’intéresse de près à la cause palestinienne. De mon point de vue, l’artiste doit dire tout ce qu’il a envie. Il trouvera toujours le moyen de surmonter la censure et de publier ses travaux d’une manière ou d’une autre. Jusque-là, je n’ai subi aucune forme de censure. Parfois, j’entends des gens critiquer mes dessins, d’autres les apprécier…
-Le FIBDA est l’une de vos premières participations à une manifestation internationale…
Oui, j’ai participé au FIBDA grâce à mon amie libanaise Lena Merhej, qui a décroché le premier prix de ce festival en 2009. J’ai participé à des expositions à Beyrouth et à Londres. Dans la capitale britannique, j’ai constaté que les gens qui venaient à notre exposition ne connaissaient pas bien la cause palestinienne. Les présents avaient une idée vague sur le conflit. Je n’avais pas la même liberté qu’au Liban de parler de Meiroun, mais j’ai pu dire des choses sans heurter les sensibilités des uns et des autres. Je crois que j’ai rapporté fidèlement à travers mes travaux la réalité des choses…
-Comment voyez-vous l’issue des négociations directes entre l’Autorité palestienne et Israël ?
Le martyr Ghassan Kanafani disait : «Si nous sommes incapables de défendre la cause autant changer les défenseurs.» Je ne vois aucune lumière à la fin de ce tunnel où se trouvent actuellement les négociations. Je m’attends à ce que la situation explose. Le peuple palestinien n’attend rien de ces pourparlers qui, tout compte fait, obéissent toujours aux conditions israéliennes. Le peuple palestinien n’obtient rien sauf la multiplication des colonisations et de la judaïsation. Nous sommes au bord d’une autre Intifadha…